ASSE - Bayern : Héroïques perdants !
Finale de la Coupe des clubs champions 75-76
La finale des "poteaux carrés"
CONSTRUCTION D'UNE EUROPE SPORTIVE
Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, l’Europe est durement marquée sous toutes les formes. Les innombrables dégâts matériels et les pertes humaines sont les stigmates de moments d’effroi. Aussi les personnalités du monde politique, universitaire, économique ou sportif s’activent pour promouvoir des actions de réconciliation et de fraternité durable. Le sport joue un rôle crucial dans la redéfinition d’une Europe de paix et les compétitions de football prennent une place prépondérante : en 1949, le FC Barcelone remporte la première édition de la Coupe Latine qui réunit les vainqueurs des championnats d’Espagne, d’Italie, du Portugal et de la France.
En 1955, sous l’impulsion des journalistes du quotidien français L’Equipe, est lancée la Coupe d’Europe des Clubs Champions, la reine des compétitions, connue aujourd’hui sous l’appellation de la Ligue des Champions. A Paris, au Parc des Princes, devant 38 299 spectateurs, les Espagnols du Real Madrid remportent la première édition de l’épreuve sur le score étriqué de 4 à 3 face à l’équipe française du Stade de Reims. En 1959, les Rémois sont une nouvelle fois battus en finale par l’impressionnante équipe de Madrid (2-0). La défaite signera pendant de longues années la malédiction des clubs français.
Henry Delaunay (1883-1955), dirigeant du football français, promoteur dès les années 1920 d'une compétition européenne de football. Il a donné son nom au trophée emblématique de l'Euro de football.
ALLEZ LES VERTS !
En 1976, un club français s’illustre. Il s’agit de l’AS Saint-Etienne. Dans le milieu des années 1970 la France se prend de passion pour les Verts, couleur de l’équipe de Saint-Etienne. "L’amour pour les Verts" se déclare notamment lors de l’édition de la Coupe d’Europe des Clubs Champions 1975-76. Les Stéphanois connaissent un excellent parcours en éliminant de fort belle manière avec des scénarios à couper le souffle les équipes suivantes : KB Copenhague (Danemark), Glasgow Rangers (Ecosse), Dynamo Kiev (ex URSS), PSV Eindhoven (Pays Bas). Le 12 mai, à Glasgow, ils affrontent les Allemands du Bayern Munich, double vainqueur de l’épreuve en 1974 et 1975.
Saint-Etienne deviendra-t-elle la première équipe française à remporter le prestigieux trophée surnommé par les fans du ballon rond "la Coupe aux grands oreilles" ?
Toute la France rêve d’un heureux dénouement. La "vague vert" touche l’hexagone, ainsi que l’Outre-mer en réponse aux brillantes prestations du Martiniquais Gérard Janvion. Les artistes ne restent pas insensibles, les musiciens d’abord. La chanson "Allez les Verts !" écrite par Jacques Monty et Jean Louis d’Onorio devient l’hymne de ralliement de tous les supporters.
L’épopée stéphanoise inspire aussi les artistes. Jean Messagier réalise un tableau "tout en vert". Luigi Castiglioni réagit à travers l’affiche Coupe d’Europe 1976. A.S. St-Etienne-Bayern Munich, Glasgow, 12 mai devenue historique.
RIVALITÉS FRANCE-ALLEMAGNE
Au-delà de ce match qui oppose deux des meilleures équipes européennes du moment, c’est la rivalité France-Allemagne qui s’affiche. La confrontation fait resurgir l’antagonisme entre les deux nations. Le football n’échappe pas aux sombres pensées belliqueuses de journalistes et de supporters. Le match est forcément singulier, en particulier du côté français. Saint-Etienne porte l’espoir d’une nation en quête d’un titre majeur dans l’univers du football international. Plusieurs supporters des quatre coins de la France (près de 30. 000 personnes) font le déplacement à Glasgow. Yves Mourousi, journaliste vedette télé de TFI présente le Journal de 13h sur un écran vert. Le match occupe toute l’actualité. La victoire française est vivement espérée.
Le match est extrêmement tendu. Chaque équipe a eu la possibilité de mener au score. Finalement, le Bayern Munich remporte la finale sur le plus petit score : 1 à 0. Les Stéphanois perdent malgré de multiples occasions, dont un coup de tête de Jacques Santini qui échoue sur la barre transversale du gardien allemand. En dépit de cette cruelle défaite, les joueurs sont particulièrement aimés et accueillis comme des héros par des milliers de supporters sur les Champs Elysées.
En 2013, l’AS Saint-Etienne devient le premier club de football français à ouvrir son musée. Parmi les pièces emblématiques devenus objets de récits légendaires, il y a les fameux "poteaux carrés" sur lesquels buta Jacques Santini…