Les premiers costumes de bain : prémices d’un corps dévoilé
Focus sur les collections sportives du Palais Galliera.
Dès la seconde moitié du XIXe siècle, les stations balnéaires desservies par les chemins de fer font la promesse d’espaces de liberté et de divertissement, entre soins thermaux, promenades sur le front de mer et joies de la baignade. Pour traverser la plage et rejoindre le bord de l’eau, de nombreuses roulottes hippomobiles assurent le transport des baigneurs et leur offrent un lieu d’intimité pour se changer. Les femmes quittent robes et artifices pour passer des tenues spécifiques.
Ce costume de bain porte la griffe « Belle Jardinière », un grand magasin créé en 1824, sur l’île de la Cité, près du marché aux fleurs qui lui inspira son nom. Très tôt, l’enseigne se spécialise dans les vêtements de sport et de voyage et promeut ses articles dans des catalogues commerciaux. Dans les pages de chaque nouvelle saison d’été, s’affichent de nombreux modèles pour le bain, comme cet ensemble composé d’une tunique et d’un pantalon.
Réalisée dans une toile de lin à l’aspect robuste et recouvrant intégralement le corps, cette tenue ne semble pas taillée pour les flots, ni adaptée à la nage sportive. En dissimulant la peau, elle se porte, en revanche, garante de la décence de la baigneuse. Une fois dans l’eau, celle-ci se livre à une baignade passive, contrainte par son vêtement et par les multiples accessoires qui l’accompagnent. Bonnet, fichu, béret, bas en laine et espadrilles complètent ce costume qu’un corset baleiné finit de rendre contraignant.
Cette encombrante panoplie paraît bien incommode pour le bain dont les vertus sont alors vantées sur de nombreuses affiches publicitaires pour les chemins de fer et les stations balnéaires qu’ils desservent. Les côtes normandes ou le littoral atlantique y font la promesse d’espaces de liberté et de moments de délassement. Pourtant, les conventions sociales rattrapent les femmes, jusqu’au bord de la mer.