Yvette Horner : l’ambianceuse du Tour de France - Série n°1

photo noir et blanc de Gilbert Bauvin portant le Maillot Jaune, en compagnie de l'accordéoniste Yvette Horner

Gilbert Bauvin portant le Maillot Jaune, en compagnie de l'accordéoniste Yvette Horner.

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Avez-vous déjà vu une figure patrimoniale ?

La première image qui vous vient à l’esprit quand vous rencontrez Yvette Horner (1922-2018) c’est l’impression de la connaître depuis longtemps. Le 1er prix de piano du conservatoire de Toulouse, devenue la plus emblématique ambassadrice du « piano du pauvre », a pendant plusieurs années ambiancé les amoureux du Tour de France cycliste. C’était hier, autrefois, le passé. C’est une certaine idée de la France populaire, celle des années De Gaulle.

Entre 1952 et 1964, la native de Tarbes participe aux festivités de la Caravane publicitaire qui précède les coureurs. Horner, c’est l’une des images marquantes de la « grande Boucle » avant et après le passage des coureurs dans toutes les communes. La musicienne mobile, Horner se transforme ensuite, en chef d’orchestre sous les chapiteaux. Horner incarne l’esprit populaire et joyeux du Tour.

L’idée de participer au Tour lui vient de son mari et agent (René Droesch), ancien footballeur des Girondins de Bordeaux, qui a certainement vu dans la plus célèbre des courses cyclistes, l’occasion d’assurer la renommée d’une musicienne mordue de sport.

Durant la journée sur la route, elle sillonne la France des villages et des villes avec un répertoire du best of de la musette (boléro, java, java-valse). Son look est inoubliable : coiffée d’un sombrero et vêtue d’une robe à pois ou à carreaux, portant un accordéon de 15 kg et harnachée sur une chaise fixée sur le toit d’une traction (véhicule Ford vedette quelques fois).

A la fin des courses, la Championne du monde d’accordéon en 1948 assure également le spectacle le soir dans la ville étape avec des bals endiablés de musettes.

Comme d’autres célébrités du monde du spectacle, telles que Line Renaud, Dalida, Annie Cordy, Yvette Horner fut aussi une des marraines de la manifestation en remettant le bouquet accompagné d’un « bisou » au vainqueur d’étape. Ainsi, on peut la voir dans le grand album du Tour aux cotés des coureurs populaires : « Louison » (Bobet), « le Grand Jacques » (Anquetil), « Dédé de Dax » (André Darrigade), « L’aigle de Tolède » (Federico Bahamontes)…

dessin d'un cycliste qui reçoit un bouquet et un baiser d'une femme en robe à rayures

Le baiser au vainqueur, André Galland.

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Aujourd’hui, Yvette Horner est présente au musée Grévin, le lieu qui promeut les célébrités. Bel hommage pour l’iconique ambianceuse !

Pour en savoir plus

  • Yvette Horner : Le Biscuit dans la poche, Paris, Éditions du Rocher, 2005
  • Yvette Horner : « Mon Tour de France », Archive INA
  • Youtube.com « Yvette Horner reine du musette et du Tour de France »
  • Emission radio : « Yvette Horner (1922-2018), Notre-Dame de l'accordéon » [archive], par Péroline Barbet et Véronique Lamendour, émission Toute une vie, France Culture, 2021
  • Jacques Marseille (dir.) : Journal de la France du 20e siècle, Paris, Larousse, 1999
Par Claude Boli , Responsable scientifique du Musée national du Sport