De la gymnastique médicale à la gymnastique rééducative
Focus sur les collections sportives du musée de l'AP-HP.
À la fin du XIXe siècle, l’exercice physique s’individualise pour se dédier à la rééducation. Plusieurs hôpitaux de l’Assistance publique se consacrent alors à la réparation des corps abîmés par une maladie dans un premier temps, puis par un accident. Au début du XXe siècle, l’hôpital maritime de Berck (Pas-de-Calais), d’abord site de référence pour le traitement de la tuberculose ostéoarticulaire, devient un véritable centre de chirurgie orthopédique et de restauration motrice. L’hôpital marin d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) ou l’hôpital Raymond-Poincaré (Garches, Hauts-de-Seine) se consacrent quant à eux au soin des malades atteints de poliomyélite, maladie qui entraîne une paralysie progressive des membres inférieurs et de l’appareil respiratoire. La gymnastique, proposée en plein air ou en gymnase, est élaborée sous le contrôle du personnel médical et encadrée par des professeurs de gymnastique. Adaptée aux soins des patients, elle est d’abord complétée par des massages et des frictions, puis par des appareils de mécanothérapie. La gymnastique corrective se distingue alors de la gymnastique orthopédique. La rééducation motrice permet aux membres immobilisés de réapprendre à se mouvoir : le patient devient acteur et ressent à nouveau les mouvements de son corps.
Napoléon Laisné (1810-1896) développe un intérêt pour la gymnastique au cours de ses années passées dans l’armée. De 1835 à 1845, il prend la direction de plusieurs gymnases au sein de lycées parisiens, devenant lui-même professeur de gymnastique. En 1847, il est chargé par l’hôpital des Enfants malades d’expérimenter l’utilisation d’exercices gymniques pour soigner les enfants. L’expérience est un véritable succès puisqu’on compte 59 guérisons. Devenu le premier professeur régulier de gymnastique en milieu hospitalier, il développe sa technique rassemblant exercices de mouvements, massages et frictions. En 1849, il l’introduit à l’hospice de la Salpêtrière en créant des leçons de gymnastique trois fois par semaine. Quelques années plus tard, il y prévoit l’installation d’un nouveau gymnase dont il conçoit les plans et choisit les équipements. Des séances de gymnastique sont également mises en place à son initiative à l’hospice de Bicêtre (1854) puis à celui des Enfants-assistés (1861).
Altea Swan - Responsable du pôle relations avec les publics – Archives AP-HP