Le développement du sport en Savoie

Focus sur les collections sport du Musée Savoisien.

Panorama de la station des Arcs (Savoie) © Musée Savoisien / Pierre Novat (1928-2007)

Les Jeux olympiques d’été de Paris 2024, offrent l’occasion de redécouvrir quelques pièces majeures des collections du Musée Savoisien. Ouvert le 28 avril 2023, le musée présente l’histoire du territoire depuis le Paléolithique jusqu’au XXIe siècle à travers sept thématiques au sein desquelles plusieurs objets liés au patrimoine sportif sont exposés. Dans la thématique Pouvoir et territoire, le musée revient sur les premiers Jeux olympiques d’hiver à Chamonix en 1924 puis Albertville en 1992. Ce développement des sports d’hiver est également mis en avant par les panorama de Pierre Novat.  Dans l’espace Ressources et alimentation, une sous-thématique est consacrée aux pratiques de loisirs avec comme pièce emblématique une télécabine et un ancien bobsleigh en bois. Pour évoquer les pratiques plus récentes, une combinaison aillée dite wingsuit a été donnée au musée par le champion du monde de Wingsuit Vincent Descol. Dans l’espace s’habiller des vêtements liés aux sports de montagne sont également présentés en rotation et illustrent l’adaptation de l’industrie textile aux nouveaux besoins des sportifs.

Cette médaille commémore les premiers Jeux olympiques d’hiver, organisés par le Comité olympique français sous le haut patronage du Comité international olympique à l’occasion de la célébration de la VIIIe olympiade, qui se sont tenus du 25 janvier au 5 février 1924 à Chamonix Mont-Blanc. 
Sur l’avers de la médaille, un athlète de sport d’hiver apparaît les bras ouverts. Il tient dans sa main droite une paire de patins à glace et dans la gauche une paire de skis. En arrière-plan, les Alpes, avec le Mont-Blanc, sont figurées en léger relief. Sur le revers se dessine une inscription de 14 lignes qui rappelle le contexte.
Le dessin de la médaille a fait l’objet d’un appel d’offre remporté par Raoul Bénard (1881-1961), graveur réputé qui a réalisé quantité de médailles pour la Monnaie de Paris. On lui doit également la médaille commémorative des Jeux olympiques d’été disputés la même année à Paris. Formé à l’Ecole Nationale des arts Industriels de Roubaix puis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1901, il gagne en 1911 le Premier Grand Prix de Rome en gravure de médailles qui lui ouvre les portes de la Villa Médicis de 1911 à 1920. Sa carrière est lancée mais stoppée trois ans plus tard par la guerre. Installé à Paris à la sortie du conflit, il grave de nombreuses médailles commémoratives. Médaille d’argent au Salon des artistes français en 1922, médaille d’or en 1924, il est ensuite classé « hors concours » et devient membre du jury. Il sera fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1927. Graveur mais aussi sculpteur, on lui doit de nombreux bustes, monuments ou objets d’art décoratif.
 

Médaille, VIIIe olympiade à Chamonix Mont-Blanc
Signée Raoul Bénard (graveur)
France
1924
Bronze
D. 5.5 x E. 0.4 cm
2014.0.962

Dans les Alpes, tout skieur a eu entre ses mains un plan des pistes signé Pierre Novat. Cet artiste « panoramiste » comme il aimait à se définir a développé une technique et un style lui donnant pendant de nombreuses années la quasi exclusivité des panneaux et dépliants d’orientation pour les stations de ski françaises (plus quelques domaines étrangers). Ces dépliants racontent l'histoire d’une partie du territoire avec le développement des stations, leur expansion et la naissance des domaines reliés. Ils témoignent de l’évolution permanente des domaines skiables depuis le plan neige (1964-1977).
Au-delà d’œuvres documentaires, il s’agit aussi d’œuvres artistiques où “Novat s’inscrit dans un rapport très personnel au réalisme : à première vue, il semble tendre vers une forme d’hyperréalisme dans la représentation de la montagne, mais ses panoramas ne sont rendus possibles que par des distorsions permanentes des distances, des directions, des hauteurs et des profondeurs de champ. Ainsi la place donnée aux premiers plans et aux arrière-plans est très caractéristique de cet art qui exagère la profondeur de champ pour mieux faire ressortir le domaine skiable au centre de la composition.”. Au-delà de la compréhension d’un domaine, il apparaît que l’œuvre de Pierre Novat, mais aussi de sa fille, Frédérique Novat, consiste à rendre désirable la montagne. 
Le Musée Dauphinois et le Musée Savoisien ont acquis ensemble l’essentiel de ce fonds. Ce dernier présente ceux qui concernent les stations de Savoie et Haute-Savoie Elles sont présentées par rotation dans la thématique du parcours permanent intitulée Pouvoir et territoire pour illustrer le développement des sports d’hiver au XXe siècle.

Panorama de la station des Arcs (Savoie)

Panorama de la station des Arcs (Savoie)
Pierre Novat (1928-2007)
Après 1967
Gouache sur papier

Cet « œuf » de couleur rouge a été produit en série par la société Pomagalski (aujourd’hui POMA). Il fait partie des 70 œufs bleus, rouges, verts et jaunes de la télécabine de la Forêt qui a transporté des milliers de skieurs dans la station de Courchevel des années 1970 à 2010 sur le site de Courchevel – le Praz.
La station de Courchevel a été aménagée en site vierge à partir de 1946 par l’urbaniste Laurent Chappis (1915-2013) et l’ingénieur Maurice Michaud (1905-1973). Projet national, elle a été fortement soutenue par le Conseil général de la Savoie. Initialement dédiée au tourisme social, elle est aujourd’hui fréquentée par la haute bourgeoisie internationale.
La cabine n°48 a été offerte par la Société des trois vallées au Département de la Savoie pour le Musée Savoisien pour son nouveau parcours de visite. La question du développement touristique et les sports d’hiver font partie des nouvelles thématiques abordées dans le musée. Parmi différentes thématiques, le parcours de visite présente l’exploitation des ressources naturelles et les mutations socio-économiques de la Savoie : l’aménagement et l’équipement des stations constituent donc un axe de recherche important pour le musée.
Elle a été intégralement restaurée avant sa présentation et les moyens mis en œuvre pour son acheminement au musée ont nécessité la création d’une ouverture de grande dimension dans le mur de l’institution pour l’acheminer dans les espaces d’exposition.

Cabine n°48 de la télécabine à attache débrayable
Capacité 4 personnes
Fabriqué à Fontaine (Isère) par l’entreprise Pomagalski en 1970
En usage de 1970 à 2014 à Courchevel – La Praz
Coque en résine sur structure en acier
Don de la Société des trois vallées
H. 204 x L. 194 x P. 132 cm
Inv. 2019.1.1
 

Dans les années 1900, le patinage, la luge, le bobsleigh et le ski font partie des nouvelles pratiques de sports d’hiver à la mode dans l’aristocratie et la bourgeoisie. Les prémices du bobsleigh apparaissent à la fin des années 1860 en Suisse, le premier club en crée en 1897 et la première piste dédiée en 1904. Mais c’est l’avènement des Jeux d’hiver de 1924 et l’acceptation du bobsleigh comme sport olympique qui ont incité à la formation d’une fédération. Ce sport d’équipe chronométré consiste à descendre une piste inclinée et glacée sur une grande luge entrainée par la gravité. Son nom, d’origine anglaise est composé du mot bob qui signifie « osciller » et sleigh traîneau. 
Ce bobsleigh a appartenu à la famille Jond, propriétaires de l’hôtel du Mont Blanc à Flumet ou la pratique du bobsleigh est proposée parmi les autres activités hivernales. Une piste est dédiée au début du siècle.
Construit en bois, sa dimension suggère qu’il pouvait être utilisé par six personnes, son volant est en noyer et sur une plaque à l’avant est inscrit son nom de baptême « LE RAPIDE G.N. ». Ses quatre patins sont peints en rouge et les deux à l’avant sont actionnés par le volant. Dans les décennies suivantes, sa structure va évoluer du bois vers un châssis en acier et un carénage, plus robustes.
 

Bobsleigh à six places

Bobsleigh à six places
Années 1920
Flumet, Savoie
Bois, métal
H. 46 x L. 263 x P. 68 cm
Achat Jond
Inv. 979.29.1
 

La wingsuit est une combinaison ailée permettant de sauter du haut d’une falaise et de planer le plus longtemps possible avant d’atterrir en parachute. Elle se gonfle d'air dès que le parachutiste se lance d'une falaise ou sort de l'avion et permet de réduire la vitesse de chute en la convertissant en vitesse horizontale. 
Les premières wingsuit sont développées dès 1935 par l’américain Clem Sohn mais il faut attendre les années 1990 pour que le français Patrick de Gayardon reprenne et développe ce concept de façon plus scientifique. Depuis, différents fabricants d’ailes ont vu le jour à travers le monde et développé l’aérodynamique, le profil et la surface des wingsuits. Il existe plusieurs types d’ailes : débutant, acrobatie, compétition et typée falaise.
Cette wingsuit a appartenu au champion du monde de Wingsuit Vincent Descol. Elle a permis de réaliser environ 200 sauts notamment en Savoie depuis le mont Revard, le mont Granier, la Croix des têtes, le mont Peney et la dent de l’Arclusaz.

Combinaison aillée dite wingsuit
2014
Lieux d’utilisation : Savoie, Haute-Savoie, Isère
Textiles synthétiques, matières plastiques et métal
Don Vincent Descol