L’Éclusée de Ferdinand-Joseph Gueldry
Focus sur le tableau L'Éclusée de Ferdinand-Joseph Gueldry au Musée des Beaux-Arts de Reims.
Ferdinand Gueldry peint dès l’âge de treize ans. Ses études terminées, en 1876, il entre à l’École des beaux-arts de Paris et devient l’élève de Léon Gérôme. Nommé peintre officiel des armées en 1915, il peint beaucoup au cours de la guerre, en Champagne, au Chemin des Dames, au Ravin de la mort. Lorsque la menace de la Seconde Guerre mondiale approche, il décide de se réfugier en Suisse avec sa famille, où il meurt en 1945. Par sa thématique, cette grande composition témoigne de l’importante histoire du canotage à l’époque de sa création. La Société nautique de la Marne de Joinville-le-Pont est créée en 1876. Avec son frère Victor ils font partie des premiers sociétaires et se rendent en Angleterre pour des compétitions d’aviron.
C’est la pratique de ce sport qui va lui permettre de si bien le peindre. Le style de Gueldry est impressionnant : virtuose du traitement de l’eau, que ce soit pour en rendre la lumière ou bien en saisir les multiples reflets et vibrations. La touche est légère, les tons sont frais, l’artiste se sert habilement des coloris pour faire chanter les couleurs. Nous sommes ici dans l’écluse de Neuilly-sur- Marne. Dans cette toile hyperréaliste, véritable instantané, se mêlent les bateaux de sport et de loisirs.
La représentation est criante de vérité jusque dans les détails des costumes des canotiers et ceux des femmes. À droite, au premier plan, une barque ; ensuite vient un skiff, plus loin, un bateau de loisir. À gauche une femme pratique le kayak. Le long de la paroi de l’écluse se trouve un bateau à vapeur destiné au transport des voyageurs. Au centre de la composition, le huit de pointe attend l’ouverture de l’écluse. Cette toile fut achetée en 1889 par le collectionneur Henry Vasnier, qui accepta son prêt au Salon de la même année et à l’Exposition universelle de 1900. [F. Bouré, 2017]