les leçons de gymnastique de G. Clemenceau

Focus sur les collections sportives du musée Clemenceau.

Reçu de Monsieur G. Clemenceau la somme de Cent cinquante francs pour 1 mois de leçons de gymnastique à domicile 6 fois par semaine


Georges Clemenceau (1841-1929) est un adepte de la gymnastique, telle qu’elle est pratiquée entre la fin du XIXe siècle et le début du siècle suivant : mouvements exercés à même le corps, mobilisant les muscles en les renforçant, jouant avec les articulations en les assouplissant, exerçant les équilibres en les stabilisant. Des extenseurs élastiques sont souvent utilisés pour mettre en jeu, avec plus d’assurance et de facilité, les mouvements de force aussi bien que les mouvements d’extension.

Un irrépressible embonpoint et un accès de diabète ont sans doute accéléré le recours à une telle pratique, dont, en l’occurrence, un des objectifs est de réduire l’ampleur abdominale. C’est après 1900 que Clemenceau se soumet à une gymnastique matinale, dans la salle à manger de la rue Franklin, sous la direction d’un professeur de gymnastique du nom d’Édouard Leroy : « Etendu sur un tapis, il faisait principalement des mouvements abdominaux et respiratoires. Quinze jours avant sa mort, il suivait encore une dernière fois cette leçon matinale ». Régularité ici encore et horaire très matinal : à huit heures et demie le cours est terminé et la journée de travail peut commencer.

« Tous les matins, à 8 heures précises, M. Georges Clemenceau reçoit chez lui, rue Franklin, un visiteur qui ne fait jamais antichambre. Venu généralement à bicyclette, ce visiteur est introduit, dès son arrivée, dans la salle à manger du président du conseil. Dix secondes après, la porte faisant communiquer cette pièce avec le cabinet de travail de M. Clemenceau s’ouvre, et le Tigre apparaît. Il apparaît... comment dire ?... Evoquons, pour préciser, les vers raciniens peignant le simple appareil, etc..., et expliquons tout de suite que M. Clemenceau accueille dans cette tenue ultra-sommaire M. Edouard Leroy, son professeur de culture physique depuis dix-huit années. 
La leçon commence aussitôt. Elle comporte une série de mouvements extenseurs et fléchisseurs des bras et des jambes, exécutés, debout ou couché, à l’aide d’un appareil à branches de caoutchouc. Pendant trente minutes, M. Clemenceau manie avec docilité l’appareil, attentif aux observations de l’excellent M. Leroy et soucieux de s’y conformer exactement... Parfois, cependant, il interrompt brusquement le mouvement ébauché, s’excuse d’un mot et disparaît. Il revient quelques instants après, ayant noté sur ses tablettes l’idée qui vient de traverser son cerveau, — car son esprit ne s’arrête pas lorsque ses muscles travaillent. 
Depuis des années, M. Clemenceau n’a interrompu ses exercices de gymnastique que pendant les quelques jours où le geste de Cottin l’y a contraint. Il les a repris dès qu’il a pu, s’abstenant seulement de quelques mouvements trop brusques... 
A 8 h 30 la leçon est terminée. Une rapide friction sèche, un vigoureux massage pratiqué avec art par M. Leroy, et, dix minutes plus tard, M. Clemenceau, qui est debout depuis 6 heures du matin, monte dans son auto et part, frais et dispos, pour la rue Saint Dominique, où l’attend une besogne écrasante, sans doute, mais dont il se rit... grâce au sport bienfaisant ! »

Géo London, « La leçon de culture physique de M. Clemenceau » dans Le Journal, 28 mars 1919.

 

 

Les extenseurs de Clemenceau

Les manuels du temps permettent de visualiser très clairement les types d’exercices concernés, le rôle des extenseurs élastiques en particulier (à l’exemple de ceux du musée), développés en tous sens, multipliant l’intervention de l’ensemble des membres, censés, en particulier, renforcer les gaines musculaires et tout particulièrement la ceinture abdominale par des mouvements de flexion et d’extension exercés sous la pression des « tenseurs » appelés « exerciseurs » par de tels manuels. Les extenseurs de Clemenceau, il y a encore peu de temps, étaient exposés dans la salle à manger de son appartement parisien.