Les autres Jeux

Focus sur l'exposition « Olympisme, une histoire du monde », organisée au Palais de la Porte Dorée du 30 avril au 8 septembre 2024.

Athlètes prêtant le serment olympique lors des premiers International Silent Games (Jeux Internationaux Silencieux). 1924 © Presse Sports

Depuis 130 ans, les Jeux olympiques agissent comme une caisse de résonance de tous les combats, rêves et conflits politiques qui fondent les relations entre les nations. Les antagonismes majeurs et les bouleversements géopolitiques y trouvent un écho particulier, comme les enjeux liés aux circulations, aux migrations, aux liens entre les individus et leur pays. Les mouvements sociaux, féministes, antiracistes et anticoloniaux s’y invitent régulièrement. L’émergence des nationalismes au début du XXe siècle, puis la Guerre froide, mais également la lutte contre l’apartheid ou plus récemment les crises sanitaires ou climatiques font partie de l’histoire des Jeux olympiques.
Des collectifs ou des communautés reprennent aussi le modèle olympique pour revendiquer leurs droits. Longtemps exclues d’une partie des épreuves, les femmes s’en saisissent pour affirmer leur statut d’athlètes à part entière. Parallèlement, le mouvement paralympique, d’abord pensé pour réparer les corps, rend visibles aujourd’hui des sportifs de haut niveau.

1921 - Olympiades féminines
Pionnière du féminisme, Alice Milliat est une sportive accomplie. Elle est à l’origine du premier championnat de France et de la première équipe de France de football féminin en 1920. Elle se bat pour que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques dans toutes les disciplines. Devant le refus du CIO, elle décide d’abord d’organiser des « Olympiades féminines » à Monaco entre 1921 et 1923, puis les « Jeux olympiques féminins » à Paris en août 1922, rassemblant cinq pays dans onze disciplines.

1924 - Naissance du mouvement sportif international des Sourds
Les premiers Jeux Internationaux Silencieux sont organisés du 10 au 17 août 1924 au stade Pershing à Paris. Ils réunissent près de 150 sportifs sourds représentant neuf pays. Cette compétition témoigne de la vitalité du mouvement sourd qui se structure au début du XXe siècle, cherchant à combattre les représentations sociales stigmatisantes de l’époque. Officiellement reconnus par le CIO en 1955, ces Jeux sont aujourd’hui appelés Deaflympics, et sont organisés tous les quatre ans.

Serment lors des Jeux Silencieux de 1924

Athlètes prêtant le serment olympique lors des premiers International Silent Games (Jeux Internationaux Silencieux) à Paris en 1924 © Presse Sports

1928 - Spartakiades communistes
Dénonçant les « sports bourgeois », l’Internationale communiste organise à Moscou, parallèlement aux Jeux d’Amsterdam, des Spartakiades, en référence à Spartacus, l’esclave romain rebelle. Quatre mille sportifs soviétiques et 600 étrangers de douze pays participent à un programme qui ressemble aux Jeux « officiels ».

1936 - Olympiades populaires de Barcelone
L’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne en 1933 provoque un vaste mouvement international de boycott des Jeux olympiques prévus en 1936 à Berlin. Le mouvement sportif ouvrier international se mobilise pour l’organisation de Jeux alternatifs à Barcelone. Plus de 6 000 athlètes s’inscrivent à ces Olympiades populaires. Les compétitions sont cependant annulées en raison du déclenchement de la guerre civile opposant en Espagne les républicains et les troupes putschistes du général Franco.

1948 - Premiers Jeux de Stoke Mandeville, ancêtre des Jeux Paralympiques
Créés par le médecin allemand Ludwig Guttmann, ces jeux sont organisés depuis 1948 au sein de l’hôpital qu’il a créé en 1944, pour les blessés atteints à la moelle épinière durant la Seconde Guerre mondiale. Ludwig Guttmann imagine notamment des thérapies visant à accompagner psychologiquement les blessés en stimulant leur potentiel moteur. Dans ce cadre, le sport s’impose à lui comme un vecteur pertinent. Il organise donc en 1948, à la veille des Jeux olympiques londoniens, les premiers World Wheelchair and Amputee Games (Jeux mondiaux des athlètes amputés et en fauteuil). Les années suivantes, les Jeux se poursuivent et sont désignés du nom du lieu où se trouve l’hôpital, Stoke Mandeville. À Rome en 1960, ils se tiennent pour la première fois dans le cadre d’une Olympiade, principe qui perdure dès lors. Dans les années 1980, avec la création des instances officielles paralympiques, cette édition sera reconnue comme la première des Jeux paralympiques.

1963 - Jeux des nations émergentes
Les Games of the New Emerging Forces (GANEFO) sont une compétition créée par des nations dites « émergentes », non alignées sur les blocs de l’Ouest et de l’Est, à l’image des accords de Bandoeng en 1955 entre des États qui refusent la logique de la Guerre froide. En 1963, ils réunissent en Indonésie 51 pays, dont l’URSS et la Chine, cette dernière ne participant plus aux Jeux olympiques après 1952. Sous la pression du CIO, des pays de l’Ouest et des fédérations internationales, les GANEFO périclitent rapidement.

1968 - Premiers Special Olympics
Membre de la famille Kennedy, Eunice Shriver crée la première organisation dédiée à l’épanouissement par le sport des personnes qui vivent avec un handicap mental, en particulier les enfants. La première compétition des Special Olympics se tient à Chicago en 1968. L’une des figures majeures du mouvement est l’athlète africaine-américaine Loretta Claiborne. Aujourd’hui présents dans 172 pays, les Special Olympics rassemblent plus de 5 millions de sportifs et sont reconnus par le CIO.

1982 - Premiers Gay Games
Les Gay Olympics s’ouvrent le 28 août 1982 à San Francisco, mais le comité olympique américain interdit l’usage du mot « olympique ». Ils deviennent, dans l’urgence, les Gay Games. Durant dix jours, les rencontres sportives rassemblent 1 350 athlètes venus d’une dizaine de pays sans distinction d’âge, de performance, d’origine ou de genre. L’idée de leur initiateur, Tom Waddell, qui a participé aux Jeux de 1968, est de lutter contre la haine et les discriminations envers les gays et les lesbiennes.

Affiche des premiers Gay Games

Affiche des premiers Gay Games, au premier plan Tom Waddell, initiateur du mouvement. 1982 © Gay Games