Maurice Boyau, rugbyman et pilote

Focus sur les collections sportives du Musée de l'Air et de l'Espace

Maurice Boyau à Colombes en 1918 © Agence Meurisse / Gallica - BnF

 

Champion de France de rugby à XV en 1911, capitaine de l’équipe de France pour le tournoi des Cinq Nations en 1913, pilote hors pair à l’instar de Georges Guynemer et de  René Fonck, Maurice Boyau figure également en cinquième place du palmarès des as français de la Grande Guerre. Retour sur une légende du rugby et de l’aviation française.

Né en 1888 en Algérie, Maurice Boyau passe son enfance et son adolescence à Brétigny-sur-Orge, en région parisienne, et se passionne pour le sport. Dès l’âge de 17 ans, il crée le club de sport de Brétigny, en lançant une équipe de football.
En 1907, avec sa famille, il s’installe dans le village landais de Saint-Paul, près de Dax. Il se consacre alors au rugby : évoluant au poste de 3e ligne, il commence sa carrière au sein de l'Union Sportive Dacquoise de 1907 à 1909 et devient capitaine de l’équipe de Rugby de 1908 à 1909. Il rejoint ensuite le Stade Bordelais de 1910 à 1914. En 1911, il devient champion de France de rugby à XV avec le Stade Bordelais face au Sporting Club Universitaire de France. 
Il compte six sélections au total en équipe de France de Rugby à XV ; quatre sélections en 1912 lors du Tournoi des Cinq Nations (face à l'Irlande, l'Ecosse, le Pays de Galles, l'Angleterre) ; deux sélections en 1913 comme capitaine lors des deux dernières rencontres du dernier Tournoi des Cinq Nations avant la déclaration de la guerre (face au Pays de Galles et l'Irlande).

Mobilisé le 2 aout 1914, il rejoint le 37e régiment d’infanterie coloniale en tant que simple soldat. Durant le conflit, il s'engage pour une saison au club de Versailles en 1915. Enfin, il poursuit deux saisons au Racing Club de France de 1916 à 1918.
Breveté pilote en février 1916, il intègre en octobre de la même année l’escadrille 77, dite « des sportifs ».  Dès mars 1917, il enchaine les victoires aériennes et se classe rapidement parmi les premiers as français (35 victoires homologuées). Il s’attaque notamment aux ballons captifs, les  « drachens », stations d’observation ennemies.
Pendant le conflit, la composition d'une équipe de soldats français internationaux engagés sur le front est créée pour participer à des rencontres internationales de rugby à XV. Parmi ces sportifs-soldats, Maurice Boyau participe aux rencontres contre les Néo-zélandais en 1917 et contre une équipe anglaise en 1918.

Le 16 septembre 1918, à l’âge de 30 ans. Il est porté disparu au cours d’un combat aérien. 
Un match de rugby, auquel il devait participer en tant que capitaine de l’équipe du Racing Club de France, est alors disputé en son honneur à quatorze, les joueurs refusant de le remplacer, symbolisant la perte irrémédiable d’un homme au destin hors du commun.

Le 23 octobre 1918, il est fait officier de la Légion d’honneur avec la citation suivante, au Journal officiel : 
« Boyau (Jean-Paul-Maurice), sous-lieutenant (réserve) au 8e escadron, du train des équipages militaires, pilote aviateur : pilote d’une incomparable bravoure dont les merveilleuses qualités physiques sont mises en action par l’âme la plus belle et la volonté la plus haute. Officier magnifique, animé d’un admirable esprit de sacrifice, fournit chaque jour avec la même simplicité souriante un nouvel exploit qui dépasse le précédent. A excellé dans toutes les branches de l’aviation, reconnaissances, photographies en monoplaces, bombardement à faible altitude, attaques des troupes à terre, et s’est classé rapidement parmi les tous premiers pilotes de chasse. A remporté vingt-sept victoires, les douze dernières en moins d’un mois, en abattant seize drachens et onze avions ennemis. Médaillés militaire et chevalier de la Légion d’honneur pour faits de guerre. Onze citations ».

Deux équipements publics rendent aujourd’hui hommage à Maurice Boyau : 
• le stade omnisports de Dax, stade résident de l'Union sportive dacquoise où Maurice Boyau a joué de 1907 à 1909, porte ainsi son nom depuis 2000 et sa statue trône devant le stade.
• l'école du village de Saint-Félix-de-Sorgues (Aveyron), d'où étaient originaires ses grands-parents maternels, est baptisée « École Maurice Boyau », le 16 septembre 2018, jour anniversaire du centenaire de sa mort. 
 

Photographie du sous-lieutenant Maurice Boyau

Photographie du sous-lieutenant Maurice Boyau, issue du supplément du n°70 de la revue hebdomadaire La Guerre Aérienne Illustrée.
Coll. musée de l’Air et de l’Espace (MA 12687)