La médaille des Jeux de la 2ème Olympiade
Focus sur l’exposition D'or, d'argent, de bronze. Une histoire de la médaille olympique
PARIS 1900 : LA CONFUSION DES JEUX ET DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE
Les Jeux de 1896 ont un tel retentissement international que Pierre de Coubertin entend bien les réitérer quatre ans plus tard ! Les Jeux de la deuxième Olympiade se déroulent à Paris du 14 mai au 28 octobre 1900, dans le cadre prestigieux de l’Exposition Universelle [1]. Outre que le choix de Paris déplait fortement à la Grèce, la concomitance avec l’Exposition va vite s’avérer contreproductive.
Si près d’un millier de sportifs de 20 pays (dont 22 femmes pour la première fois), tous amateurs, sont bien au rendez-vous, les épreuves quant à elles s’étalent sur cinq mois et se dispersent sur une dizaine de sites autour de Paris : régates à Meulan, athlétisme au bois de Boulogne, pelote basque à Neuilly, tennis sur l’Île de Puteaux, escrime au Champs de Mars et aux Tuileries, jeu de boules à Saint-Mandé, ou encore cyclisme et cricket au stade vélodrome de Vincennes. En effet, l'instance dirigeant alors le sport français, l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques, avait demandé - contre l’avis de Coubertin - que « les concours (sportifs) de l'Exposition (universelle) tiennent lieu de Jeux olympiques pour 1900 et comptent comme équivalent de la deuxième Olympiade ». La dilution des Jeux dans le gigantisme et la durée de l’Exposition Universelle vont contribuer à faire de cette Olympiade un échec que Coubertin ne cessera de déplorer !
UNE MEDAILLE RECTANGULAIRE !
A l’image de ces Jeux, les médailles - et diplômes - remises aux sportifs vainqueurs diffèrent donc peu du reste des récompenses attribuées durant toute la durée de l’Exposition, tout art confondu ! Affectant une forme alors très en vogue en France depuis une dizaine d’année – la plaquette rectangulaire - la médaille de récompense de l’Exposition Universelle de 1900 est l’œuvre de Frédéric de Vernon (1858 – 1912), graveur aussi habile que prolifique. Côté face, la Victoire ailée disperse les lauriers de la réussite au-dessus de la capitale et des monuments construits pour l'Exposition Universelle tels que le Grand Palais. Au revers, un athlète brandit au cœur du stade olympique d’Athènes le rameau de la victoire. Frappées par la Monnaie de Paris, les médailles des jeux de la 2ème Olympiade sont d’une rare élégance.
JEUX OLYMPIQUES AVEZ-VOUS DIT ?
Pourtant aucune allusion à l’Olympiade en cours n’y figure ! Seules les mentions Concours International de …, Championnat de…, Exercices physique et sports ou encore Fête fédérale de Gymnastique permettent de distinguer les récompenses remises aux épreuves comptant pour les Jeux de la deuxième Olympiade. Si gagner ces Concours revient de facto à devenir champion Olympique, il régnera une telle confusion parmi les participants que certains vainqueurs de ces compétitions deviendront champion olympique sans jamais l’avoir su ! Ajoutant à la confusion, l’avers de cette médaille sera combiné (au moyen d’un mariage de coins [2]) à d’autres revers ayant trait aux événements de l’Exposition Universelle.
D’OR, D’ARGENT, DE BRONZE !
C’est pourtant à la faveur de ces Jeux qu’une évolution - promise à un brillant avenir - apparait. Se calant sur le principe des trois couleurs de médailles remises aux primés des Expositions Universelles [3], les premiers, deuxième et troisième des épreuves sportives se voient désormais respectivement gratifiés de l’or, de l’argent et du bronze. A noter que les appellations « médaille d’or » et « médaille d’argent » ne reflètent pas tout à fait la réalité physique de l’objet, les plaquettes de la deuxième Olympiade étant respectivement en vermeil (argent recouvert d’une fine couche d’or), argent (ou même bronze argenté), et en bronze.
Des Jeux « discrets » que la France - pays dont provient plus de la moitié des athlètes - dominera pourtant pour la seule fois de son histoire avec 102 médailles dont 27 en or, devançant les États-Unis (47 médailles dont 19 en or) et la Grande-Bretagne (30 dont 15 en or). Une prouesse que l’on redécouvre seulement 120 ans plus tard !
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