Mode et sport, la naissance d'un sportswear féminin français

Focus sur les collections sportives des musées de la Ville de Paris

Robe longue - Paul Poiret, Couturier © Paris Musées / Palais Galliera

La maille est la matière par excellence qui marque la spécialisation du vêtement  de sport. En France depuis les années 1840, des inventeurs et des constructeurs de métiers à tricoter innovent dans la région de Troyes. Trente-quatre bonnetiers, principalement de l’Aube présentent leurs produits à l’exposition universelle de 1878. La production se diversifie: aux traditionnels bas, chaussettes et gants, s’ajoutent des vêtements en  maille nommés jerseys  (d’après le nom  commercial anglais qui se réfère à leur  lieu de production originel, l’île de Jersey). L’Annuaire-Almanach Didot- Bottin de 1888 liste à Paris une centaine de  maisons s spécialisées en tissus de jerseys et vêtements de maille de ville et de mer dont la fameuse maison Neyret et Cie.  C’est dans le dernier tiers du XIXe siècle que le sous vêtement masculin en tricot se transforme en un vêtement de dessus, ce maillot porté entre autres pour les sports de balle, l’athlétisme et la gymnastique. Dans les années 1900, le vestiaire féminin  récupère cette maille sportive masculine par le biais de modèles, déjà quasi unisexes, de pulls ou sweaters et de cardigans boutonnés pour les sports d’hiver,  proposés par des équipementiers tel  que Williams & Co, rue Caumartin, Tunmer, place Saint Augustin,  Allen, rue Etienne Marcel. Dès 1909, apparaissent des ensembles de ville en tricot dont  les sœurs Mesnard, rue de Penthièvre, et la Maison Gastineau, faubourg Saint-Honoré,se font une spécialité relayée par la presse féminine. C’est dans ce contexte que Gabrielle Chanel lance ses marinières en jersey rayé dans sa boutique de Deauville pendant l’été 1913.L’entre-deux guerre voit se multiplier les types de jerseys de soie et de laine et plus encore leurs appellations commerciales, djersalla, djersador, djersacié. La couture les adopte définitivement pour des ensembles et des robes du jour destinés à des loisirs physiques mais aussi à la vie citadine et aux voyages  voire- consécration de ces matières- pour des toilettes du soir. Porté entre autres par ce formidable succès, un sportswear féminin français au sens de style de vêtement  pratique et confortable porté pour les loisirs sportifs, émerge progressivement entre 1910 et 1939. Son influence sur la couture ne cessera plus. La maille, quant à elle, deviendra omniprésente dans le vestiaire quotidien au XXe siècle.

Ceci est un extrait du parcours thématiques "Mode féminine et sport, 1880-1939" dans les collections des musées de la Ville de Paris

 

Madame Havet, dite Madame Agnès, en tenue de ski composée d'un pantalon de laine et d'une veste de laine à boutonnage, écharpe et béguin

Madame Havet, dite Madame Agnès, en tenue de ski composée d'un pantalon de laine et d'une veste de laine à boutonnage, écharpe et béguin, maison Agnès

Séeberger Frères , Photographe

1934

© Paris Musées / Palais Galliera

chandail de ski

Chandail de ski

Tunmer & Cie , Maison de confection

Vers 1927

© Paris Musées / Palais Galliera