La représentation scolaire des Jeux olympiques
Focus sur les collections du Musée national de l'Education.
Représenter les Jeux olympiques pour les élèves au début du XXe siècle : l’exemple d’une couverture de cahier
Cette couverture de cahier imprimée par Delagrave dans les années 1920 décrit les Jeux olympiques qui se déroulaient à Olympie tous les quatre ans entre - 776 et + 394. L’image au recto comme le texte au verso doivent compléter les leçons données à l’école sur la Grèce antique et rappeler aux élèves l’importance de l’exercice physique, mais ils sont approximatifs et contiennent des erreurs. Au recto, l’image représente la course de stade. Les athlètes portent un pagne autour de la taille, alors que dans la réalité, ils couraient complètement nus. C’est d’ailleurs pourquoi l’enceinte des Jeux était interdite aux femmes mariées sous peine de mort. Cette erreur est répétée dans le texte au verso : « Avant d’entrer dans l’arène […], les champions […] revêtaient leurs costumes d’athlètes et se faisaient frotter d’huile par tout le corps ». Peut-être la nudité des corps était-elle irreprésentable pour un public d’élèves ?
A l’arrière-plan de l’image, on devine le temple et la statue en or de Zeus. Dans la partie inférieure sont représentés un lanceur de disque (discobole) et la couronne qui était posée sur la tête des vainqueurs lors des cérémonies du cinquième et dernier jour des Jeux.
Dans le texte au verso, il est dit que les Jeux avaient lieu en l’honneur du dieu romain Jupiter. Or, comme les Jeux se déroulaient à Olympie en Grèce, il s’agit plutôt de Zeus. De même, la création légendaire remonterait non pas à Hercule (dieu romain) comme l’indique le texte, mais à Héraclès.
L’auteur du texte mentionne les courses de chars et de chevaux qui ont lieu à l’hippodrome. Il décrit assez précisément la lutte, le lancer du disque (qu’il nomme palet) et le saut, mais ne fait que mentionner les courses et le lancer du javelot, et oublie le pugilat, qui ressemblait à la boxe, et le pancrace, mélange de boxe et de lutte. Peut-être l’auteur du texte ne voulait-il pas ternir l’image des Jeux olympiques en Grèce avec ces sports très violents, qui pouvaient mener à des blessures très graves, voire à la mort. L’image des Jeux ici présentée aux élèves semble donc idéalisée. Alors que la France allait accueillir la huitième Olympiade moderne, ce document paraît donc peu enclin au réalisme. Soulignons par ailleurs que l’évocation des jeux anciens et contemporains est alors peu présente dans les supports destinés à la jeunesse conservés par le Musée national de l’Education, lui-même héritier du Musée Pédagogique alors très actif dans les grands évènements internationaux du moment, comme les Expositions Universelles. Faut-il y deviner un faible intérêt de l’institution scolaire pour des Jeux dont la création était encore récente ?
Les choses évoluent peu à peu dans le courant du XXe siècle, avec une présence croissante des Jeux dans les supports destinés à l’éducation et plus largement à la jeunesse, mais leur évocation y demeure toujours relative. Gageons que l’édition 2024 génèrera un important patrimoine scolaire à venir.
En savoir plus
-
Découvrir d'autres documents sur les Jeux olympiques
Découvrir d'autres documents sur les Jeux olympiques