Roland Garros, l'aviateur

Focus sur le patrimoine sportif du Musée de l'Armée

Roland Garros en 1910 © Agence Meurisse / Gallica / Bibliothèque nationale de France

Si son nom est aujourd’hui associé à l’un des tournois de tennis le plus prisé au monde, rare sont ceux qui connaissent l’histoire de l’aviateur Roland Garros. Né le 6 octobre 1888 à Saint-Denis de la Réunion, Garros développe très rapidement une passion dévorante pour l’aviation où il s’illustre par ses prouesses, notamment lors de combats aériens pendant la Première Guerre mondiale.  

L’homme de tous les records
À l’été 1909, Garros a le choc de sa vie. Invité en Champagne par un ami, il assiste à son premier meeting aérien. C’est une révélation, il sera aviateur. Obstiné, Garros ne fait pas les choses à moitié, il achète aussitôt son premier appareil une « Demoiselle », apprend à le piloter seul et passe son brevet. Après seulement deux ans de pratique, Garros fait parler de lui en battant successivement des records d’altitude, d’abord 3 950 mètres, puis 4 960 mètres et enfin 5 610 mètres. Mais Roland Garros voit plus grand. Toujours plus ambitieux il se lance le défi d’être le premier à traverser la Méditerranée. Le 23 septembre 1913, après 780 kilomètres parcourus en 8 heures, il atterri à Bizerte en Tunisie. Cet exploit fait de lui la nouvelle coqueluche de l’aviation, en Europe comme à l’international. 

Soldat de la Première Guerre mondiale
L’aviation entre en action pour la première fois lors de la Grande Guerre dans des conditions périlleuses, voire suicidaires, pour ces combattants du ciel. Pourtant, en 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Roland Garros s’engage comme soldat. Le musée de l’Armée conserve dans ses collections l’uniforme que portait le lieutenant Roland Garros lorsqu’il était dans les rangs du 27e bataillon de chasseurs alpins avant de rejoindre une unité aéronautique. 
Encore une fois, Garros fait preuve d’audace et d’inventivité en mettant au point le premier chasseur monoplace doté d’une mitrailleuse tirant à travers l’hélice. Une révolution pour l’armée française. En avril 1915, alors qu’il survole la Belgique, l’avion de Garros est touché par un tir ennemi, l’obligeant à un atterrissage d’urgence à l’issue duquel il est fait prisonnier. Son avion et son invention tombent entre les mains de l’ennemi, qui saura s’en inspirer voire l’améliorer.
Comme toutes les têtes brûlées, Roland Garros est étroitement surveillé et régulièrement changé de camp pour éviter une évasion. C’est peine perdue, puisqu’il s’évade le 15 février 1918. Ces trois ans de captivité ont sérieusement dégradé sa santé et notamment sa vue, au point de se faire confectionner en secret des lunettes pour continuer de piloter. 
Bien que Clémenceau, dit le Tigre, ait tenté de le garder à ses côtés comme conseiller, Roland Garros repart aux combats dans les airs. Malheureusement son opiniâtreté lui est fatale le 5 octobre 1918. La veille de ses trente ans, Roland Garros est abattu lors d’un combat aérien. 

Roland Garros et le sport 
Mélomane et pianiste, Roland Garros était également un sportif accompli : foot, rugby ou encore vélo. Il n’a en revanche pratiquement pas joué au tennis. Ironie de l’histoire quand on sait que dix ans après son décès, en 1928 le stade de tennis parisien est baptisé en son honneur à la demande de son fidèle ami Émile Lesueur, président du club omnisport Stade Français. 

Depuis cette date, le stade Roland-Garros revêt une citation attribuée à l’aviateur « La victoire appartient au plus opiniâtre ». Le célèbre tournoi du Grand Chelem ne porte ainsi pas le nom d’un champion de tennis, mais celui d’un pilote, audacieux pionnier de l’aviation, mort pour la France. 

Képi et vareuse du lieutenant Roland Garros

Képi et vareuse du lieutenant Roland Garros
1918
N° inventaire :  Gf 57
Photo (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette