Saint-Étienne et le vélo
Focus sur les collections sportives du musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne.
A l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques 2024, Saint-Étienne accueille les épreuves de football du 26 juillet au 11 août dans son stade de Geoffroy Guichard. Si Saint-Étienne est une ville de football qui vibre à l'unisson des exploits de son équipe de football professionnelle depuis 1933, elle est également une ville de sports marquée par son environnement naturel et son activité industrielle.
L'exposition D'Olympie à Saint-Étienne, sports en jeu propose un cheminement à la découverte du patrimoine sportif qui prend sa source dans les Jeux antiques grecs, s'étend aux Jeux modernes relancés par Pierre de Coubertin, dès 1896, et se développe partout au XXe siècle. Plus de 400 objets de collection, photographies ou documents patrimoniaux illustrant la thématique du sport et des grands évènements marquant son histoire sont présentés en resituant leur importance au niveau international, national ou régional.
Les entreprises artisanales ou industrielles "stéphanoises" ont, en effet, également contribué à l'innovation et à la diffusion des équipements sportifs.
Outre les armes à feu Manufrance pour le tir sportif ou le ball-trap, les lames d'escrime haut de gamme de Blaise-Frères, les orthèses textiles de Thuasne, Gibaud ou les chaussettes de compression veineuse de BV Sport, ce sont notamment les bicyclettes de compétition ou de loisirs de marque Automoto, Mercier, Ravat, Wonder ou Vitus, éprouvées sur le Tour de France et autres épreuves cyclistes, qui ont fait la notoriété de Saint-Etienne.
L'exposition montre ainsi l'évolution du vélo dans le monde de la compétition et de la performance sportive, du vélo de piste Vitus de Jeannie Longo, recordman du monde de l'heure féminin, avec 49,352 km parcourus au vélodrome de Mexico en 1989, ou bien celui de Roger Rivière, recordman du monde de l'heure masculin, avec 46,923 km parcourus au vélodrome Vigorelli de Milan en 1957 ainsi que d'autres modèles de courses sur route qui ont contribué aux exploits sportifs.
Vélo du record du monde de l'heure de Roger Rivière (1936-1976)
C'est un vélo de piste à pignon fixe sans frein ni changement de vitesse équipé d'un plateau de 53 dents et d'un pignon de 15 dents. Il dispose ainsi d'un grand braquet de 53x15 dents correspondant à un développement de 7,88 m par tour de pédale. L’équipement correspond au haut de gamme de la fin des années 1950 : pignon, plateau et manivelles Campagnolo, roue Nisi, modèle Pista Spéciale à 32 rayons, cintre Ambrosio, selle Brooks. C'est un vélo extra léger pesant seulement 6,8 kg. Tout a été fait pour l'alléger au maximum avec l'emploi de pièces en Duralumin. Les tubes du cadre sont en acier léger avec des raccords soignés. Ainsi équipé, ce vélo dispose d'une belle nervosité sur piste, secondé par un cadre réactif et sans mollesse.
Cette bicyclette de piste a été conçue sur mesure pour Roger Rivière selon ses indications, afin de tenter de battre le record du monde de l'heure en 1957. La couleur bleu ciel ou vert d'eau de l'émail du cadre de son vélo rappelle celle des cycles de la marque Géminiani pour laquelle il court. Roger Rivière est un cycliste professionnel né, en 1936, à Saint-Etienne. Il effectue à ce moment-là une carrière amateur de cycliste sur piste remarquable. Il est champion du monde de poursuite sur piste en 1957 et gagne de nombreuses courses en vélodrome.
En 1957, il débute une carrière professionnelle sur route avec l’équipe Saint-Raphaël-Géminani. C'est une des premières marques extra-sportive sponsorisée par la marque d'apéritif Saint-Raphaël. Cette boisson est vendue comme fortifiant aux vertus exitantes et énergiques. Le 18 septembre 1957, sur le vélodrome Vigorelli de Milan, il parcourt, avec cette bicyclette de piste, 46.923 km en une heure, battant le record précédent de 530 m, detenu l'année précédente par Ercole Baldini. Il améliorera de nouveau le record du monde l'année suivante, en réalisant à Milan le 23 septembre 1958, 47.347 km en une heure sur ce même vélo.
Roger Rivière née, grandit et débute sa carrière à Saint-Etienne. Lors du Noël 1946, sa famille lui offre sa première bicyclette de course. Après son CAP, il devient ajusteur de pièces mécaniques. Encouragé par son patron, il intègre le club Saint-Etienne-cycle qui lui fait faire ses premiers tours sur le vélodrome de la ville. Les années suivantes, il aligne les victoires dans le circuit amateur ligérien puis national, jusqu'à être le leader de l'équipe de France durant le Tour d'Europe 1956.
Champion du monde de poursuite en 1957, 1958 et 1959, détenteur de plusieurs records, Roger Rivière excelle sur la piste et faisait des débuts particulièrement prometteurs sur les courses sur route. Sa carrière cycliste s'achêve en 1960 après un grave accident sur une étape du Tour de France. Lors de la descente du col de Perjuret (Lozère), une erreur de trajectoire le précipite dans une chute de 25 mètres. Les années suivantes, ils s'efforce de rebâtir sa vie en créant de petites entreprises dans divers secteurs. En 1963, Roger Rivière fait don au musée de son vélo de record du monde de vitesse à l'heure. Il décède en 1976.