Versailles et le Tour de France

Focus sur les collections sportives des Archives communales de Versailles

Arrivée de l’étape Auxerre Versailles, victoire de Joseph Bruyère, 1972 (ACV, 5Fi580/2)

 


Versailles a étrangement dû attendre 1958 et la 45e édition du Tour de France pour être enfin désignée ville étape de la célèbre course cycliste. Pourtant, Versailles avait été traversée dès la première édition en 1903. En effet, les coureurs, venant de Nantes (l’étape était longue de 471 km) devaient traverser la ville royale avant d’affronter comme ultime difficulté la côte de Picardie avant de plonger vers Ville d’Avray où était effectué le pointage des coureurs, la fin de la course jusqu’au Parc des Princes étant ensuite un défilé (les courses cyclistes sont alors en effet interdites dans le département de la Seine). Il s’agit déjà d’un succès. Selon le journal l’Auto, organisateur de la course, « une foule énorme entoure le contrôle installé à la place d’arme ». Le Journal de Versailles et de la Seine-et-Oise, dans son édition du 22 juillet, rapporte également que « le Tour de France, dont le passage avait lieu à Versailles, a amené sur l’avenue de Saint-Cloud, au contrôle, une foule immense, difficile à évaluer. ». 

Après de multiples passages des coureurs lors des éditions précédentes, Versailles accueille donc  pour la première fois le Tour de France le 29 juin 1958, à l’occasion de l’arrivée de la 4e étape Eu-Versailles. Le conseil municipal délibère en ce sens dès le mois de décembre 1957. Versailles va donc pouvoir bénéficier d’un événement composé de l’épreuve sportive, ainsi que de la caravane publicitaire, qui est alors d’un attrait au moins égal à celui de la course. En effet, au-delà du défilé des véhicules décorés aux couleurs de différentes marques, des spectacles sont proposés en soirée (avec notamment Charles Trenet et Sydney Bechet). L’événement de ne se limite pas à l’arrivée des coureurs du Tour de France. Une réunion d’attente est organisée par le Cyclo Club de Versailles, avec notamment une omnium Vespa (couse en plusieurs manches derrière Vespa). De grands champions, comme Fausto Coppi, double vainqueur du Tour, mais au crépuscule de sa carrière, ou Roger Rivière, spécialiste de la piste et star montante du cyclisme français, y participent. Le CCV organise également un bal la veille au soir de l’arrivée du Tour. 

Versailles obtient ensuite l’arrivée d’une étape pour le Tour 1961. Du point de vue sportif, l’événement est double en ce dimanche 25 juin 1961 car Versailles accueille en début d’après-midi l’arrivée de la première étape de 136 km en provenance de Rouen, puis est le cadre d’un contre la montre de 28 km en boucle autour de Versailles qui se déroule les heures suivantes. Les arrivées de l’étape et ligne et du contre la montre sont jugées sur le circuit de l’avenue de Paris, identique à celui de 1958. Le programme étant chargé, il n’est pas nécessaire d’organiser une réunion d’attente. 


Après l’accueil du Tour en 1958 et 1961, placés en début d’épreuve, Versailles est à partir de 1964 au centre d’un dispositif nouveau pour la fin du Tour de France, avec l’organisation d’un contre la montre final entre Versailles et Paris. Cette année-là, Versailles accueille l’arrivée de l’avant dernière étape Orléans Paris, puis le départ du contre la montre Versailles-Paris. Le dispositif est reconduit l’année suivante, le programme étant augmenté d’une course d’attente, avec notamment Jacques Anquetil, quintuple vainqueur du Tour mais qui n’y participe pas cette année. L’affiche met particulièrement en valeur cette course « support ». L’ensemble des événements liés au Tour de France, notamment les animations de la caravane publicitaire, font partie intégrante des festivités du 14 juillet, puisque le Tour se termine alors traditionnellement lors de la fête nationale. 
 

Jacques Anquetil au départ du contre-la-montre final du Tour de France 1964

Jacques Anquetil au départ du contre-la-montre final du Tour de France 1964 (ACV, 3R5637)

En 1967, la Ville décide d’organiser l’arrivée de l’étape Fontainebleau-Versailles au stade Montbauron, ce qui entraine une nette diminution des frais d’organisation (lieu clos, tribunes et installations déjà existantes). La piste cendrée du stade sera également le cadre du départ du contre la montre final, dont le départ sera donné à peine 2 heures après l’arrivée de l’étape en ligne. Afin d’offrir le meilleur spectacle au public, les coureurs parcourent presque un tour de stade avant de poursuivre leur course. Une nouvelle course d’attente est organisée, avec Jacques Anquetil, toujours très performant même s’il ne dispute plus le Tour de France, et Eddy Merckx, qui n’a pas encore disputé la grande boucle, mais est déjà double vainqueur de Milan-San Remo. 

En 1970, le stade Montbauron sert à nouveau de cadre pour l’arrivée de l’étape Tours Versailles le samedi 18 juillet, puis de départ du contre la montre à destination de Paris le lendemain. 

En 1971, il est décidé de revenir sur l’avenue de Paris sur un circuit légèrement modifié, tant pour l’arrivée de l’étape en ligne que pour le départ du contre-la-montre. 

Le programme prend encore d’avantage d’ampleur en 1972, avec l’arrivée de l’étape Auxerre-Paris le samedi 22 juillet, puis un contre la montre en boucle de 42 km autour de Versailles est proposé le dimanche 23 juillet matin, avant enfin le lancement de la dernière étape du Tour l’après-midi. L’ensemble de ces événements a pour cadre l’avenue de Paris. La caravane, et notamment le podium Europe 1 installé Place d’armes, attire les foules avec les têtes d’affiche Nicoletta et Carlos. 

Ce qui est devenu un rendez-vous traditionnel est reconduit en 1973, dans le même schéma, mais avec un événement supplémentaire, puisque le Tour de l’avenir (épreuve réservée aux jeunes de moins de 25 ans) est également au programme des 21 et 22 juillet. 

Le Tour ne vient pas en 1974, mais c’est pour mieux revenir de 1975 à 1977. En effet, fin 1974, une convention est signée entre la Ville et la société organisatrice du Tour de France, assurant à la ville de Versailles l’accueil du Tour pour trois ans en 1975, 1976, 1977, mais également en automne de la classique Paris-Tours, qui devient pour l’occasion Tours Versailles. 

Pour autant l’accueil de l’édition 1975, est une relative déception pour la municipalité, car Versailles accueille l’arrivée d’une étape placée située en début d’épreuve (3e étape Amiens-Versailles puis le départ le lendemain de la 4e étape Versailles-Le Mans). Versailles perd l’important événement que constituait l‘arrivée d’une étape puis d’un contre la montre en fin de Tour. 

La ville obtient en partie satisfaction en 1976 avec l’arrivée de l’avant dernière étape Montargis-Versailles le samedi 17 juillet. Mais il n’y a pas de contre la montre ni même de départ de la dernière étape. Il faut dire que le Tour de France a trouvé depuis 1975 un nouveau cadre fastueux pour sa dernière étape : les Champs Elysées à Paris. 


En 1977, c’est à nouveau l’arrivée de l’avant-dernière étape qui est jugée avenue de Paris (étape Montereau-Versailles le samedi 23 juillet). Mais la ville a dû rappeler à l’ordre les organisateurs qui avaient « oublié » Versailles lors de la construction de leur parcours, malgré la convention signée en 1974…

S’en est terminé de l’âge d’or du Tour de France à Versailles. A l’échéance de cette convention, il faut ensuite attendre 1989 pour voir à nouveau Versailles être le théâtre du départ d’une étape. Celle-ci est restée dans toutes les mémoires car il s’agit du contre la montre final entre Versailles et Paris lors duquel Laurent Fignon perd son maillot jaune pour 8 secondes face à Greg Lemond. 

Enfin, lors de sa 100e édition les coureurs partent du château de Versailles et effectuent même quelques kilomètres dans le parc.  
 

Laurent Fignon au départ du contre-la-montre final du Tour de France 1989

Laurent Fignon au départ du contre-la-montre final du Tour de France 1989 (ACV, 225W220/23)