Versailles et les courses hippiques

Focus sur les collections sportives des Archives communales de Versailles

Course d'obstacles à l’hippodrome de Porchefontaine. Lithographie, 1864 (ACV 3Fi143)

 

La Société d’encouragement pour l’amélioration des races de chevaux en France est créée en 1833. L’objet de cette société est ainsi d’encourager l’amélioration de l’élevage des chevaux de galop en France, notamment par l’organisation de courses. Il s’agit du lointain ancêtre de France Galop, qui est l’organisme de gestion des courses hippiques en France. 

Dès 1834, un hippodrome est créé à Chantilly. Suivant ce modèle, un membre de cette société, Achille Fould, par ailleurs proche du roi Louis Philippe, interpelle en mars 1836 le préfet de Seine-et-Oise sur l’intérêt d’organiser des courses de chevaux à Versailles. Le Préfet transmet la demande au conseil municipal. Celui-ci, dans un rapport du 28 mars 1836, relève l’intérêt touristique du projet (« tout ce qui doit attirer des étrangers à Versailles ne peut manquer de d’avoir pour cette ville des résultats avantageux ») mais également son aspect patriotique. En effet, comparativement à l’Angleterre, la France produit trois fois moins de chevaux, la positionnant dans une situation de dépendance. A l’instar de l’Angleterre, organiser des courses permettrait de mettre en place un système vertueux de sélection et d’amélioration des races de chevaux en France.

Le Conseil municipal se prononce donc pour l’organisation des courses de chevaux à Versailles. Le choix du lieu où se dérouleront les courses se porte sur le champ de manœuvre de Satory, le pourtour de la pièce d’eau des Suisses étant également envisagé. La question des coûts d’organisation est mise de côté et propose la création d’un prix de la ville doté de 3000 francs. 

Les courses sont annoncées pour le vendredi 27 et le dimanche 29 mai 1836.  La société d’encouragement pour l’amélioration des races de chevaux en France prend une part active à l’organisation. Afin d’organiser la sécurité de l’événement, un arrêté de police est pris le 23 mai. 

Les courses semblent avoir été un succès puisqu’il est prévu d’en organiser en 1837. Le conseil municipal affine l’organisation en mettant en place une adjudication « des droits d’entrée de l’hippodrome, dans les tribunes et les endroits réservés pour les courses de chevaux ». Une société d’exploitation des courses à Versailles est ensuite créée. Celle-ci fait état en 1838 d’un inventaire de son matériel, ce qui permet de connaitre les installations qui sont montées sur le champs de manœuvre de Satory à l’occasion des courses organisées annuellement : 6 tribunes, dont une tribune d’honneur, une autre pour la musique et 2 couvertes d’une tente. ; des planches et poteaux pour fermer l’enceinte de la cour d’honneur, près de 1000 pieux et 9000 mètres de corde pour entourer l’hippodrome. Celui-ci est donc une installation provisoire. 

Tous les ans, les courses sont organisées en mai ou juin. Elles sont organisées parfois sur 3 jours comme en 1842, et donnent lieu à des invitations à y assister envoyées au tout Paris : princes, ministres, élus, etc. La présence du Prince Président est annoncée pour les courses des 23 et 30 mais 1852, mais la presse ne fait écho de sa présence, signalant à l’inverse « l’ardeur des amateurs de ces sortes de plaisir avait, dimanche dernier, été ralentie par la crainte de mauvais temps. La tribune des dames était presque vide » (Le Journal de Versailles et de Seine-et-Oise, 6 juin 1852). L’Empereur est à nouveau annoncé en 1853, il assiste à la revue militaire, mais probablement pas aux courses qui s’en suivent. 

Les courses sont organisées de manière quasi routinière jusqu’aux courses du 5 juin 1865. Mais début 1866 la Société d’encouragement n’est plus satisfaite des installations provisoires de Satory, et souhaite qu’un nouveau terrain soit trouvé. La ville pense dans un premier temps au mail, près de la pièce d’eau des Suisses, puis à l’hippodrome nouvellement construit à Porchefontaine. Mais la société le considère impropre à l’organisation de courses. La rupture est officialisée dans un courrier adressé par l’administration des haras au préfet le 20 avril 1866 : faute d’hippodrome convenable et constatant « que l’installation et l’organisation des courses à Versailles laissaient à désirer eu égard surtout aux aménagements parfaits qu’offrent les hippodromes situés aux environs de Paris »., la Société retire son patronage, et dans le même temps est supprimé le prix de l’Empereur et de l’administration des Haras. 

Il est vrai qu’un autre établissement hippique existe à Porchefontaine, initié en 1862 par un certain de Montreuil, et sous l’égide de la « International race course society » (compagnie anglaise des courses internationales) qui créé une Société de courses et de chasses de Porchefontaine, établissement comprenant notamment un terrain d’entrainement, une piste plate de 200 mètres, des pistes de steeple-chase, une piste macadamisée. Les premières courses s’y déroulent le 8 octobre 1864, puis régulièrement jusqu’en 1870. La guerre vient interrompre cette activité, qui reprend une dernière fois en novembre 1871.

Trace de cet hippodrome, une voie nouvellement tracée prend le nom de rue des tribunes (actuellement Albert Sarrault), et il existe toujours un prix de Porchefontaine, disputé à Enghien puis à Saint-Cloud. 

Programme des courses de chevaux à Versailles

Programme des courses de chevaux à Versailles, plaine de Satory, des 7 et 14 juin. Affiche, 1846 (ACV 3F322)