Le rugby et l'armée

Focus sur le patrimoine sportif du Musée de l'Armée

Une partie de rugby : la mêlée 1915 © Jean Segaud | Musée de l'Armée

Né en Grande-Bretagne au XIXe siècle, le rugby est considéré en France, comme une activité exclusivement de loisir loin de contribuer à l’entraînement des soldats comme l’escrime ou la lutte. C’est à la fin du XIXe siècle que Pierre de Coubertin tente d’intégrer la pratique du rugby à XV à l’école et dans l’armée. D’abord réticente, l’armée prend conscience du potentiel du rugby. 

Bien que le rugby n’ait pas de lien historique direct avec l’armée, c’est bien une guerre, la Grande Guerre (1914-1918), qui servit malgré elle d’accélérateur à cette discipline sportive. La concentration de milliers d’hommes ainsi que la nécessité de leur trouver des occupations quand ils ne sont pas aux combats contribue à la diffusion du rugby pendant la Première Guerre mondiale. À en croire la presse de l’époque, les courriers de poilus et les photographies, des matchs amicaux sont régulièrement organisés à l’arrière des lignes de front. Comme celui-ci, photographié en 1915 par Jean Segaud (1879-1946), incorporé dans un régiment d’infanterie, qui durant toute sa mobilisation documente son quotidien de soldat. 
Pour l’anecdote, alors que le traité de paix de Versailles est en cours de négociation, une grande compétition de rugby est organisée entre Alliés. Une manière comme une autre de célébrer la paix. 
Malheureusement quand ils ne sont pas sur le terrain, les soldats/joueurs subissent des assauts incessants et le bilan humain fait apparaître le rugby comme le sport ayant payé le plus lourd tribut durant ce conflit.  À Toulon par exemple, une stèle a été érigée pour honorer les vingt-huit rugbymen du club de la ville tombés pendant le conflit. Depuis, chaque année en novembre, les rugbymen français portent fièrement sur leurs maillots un bleuet, hommage aux soldats/joueurs tués pendant la Première Guerre mondiale.

Les valeurs portées par le rugby s’incarnent parfaitement dans les armées : le sens du collectif, la discipline, la contrôle de soi et la combativité. Le rugby est souvent qualifié de brutal, une violence que l’on retrouve très peu dans les autres sports collectifs. Afin de contenir tout débordement, le rugby exige donc une grande maîtrise de soi et une discipline de fer. S’il y a bien un sport où la symbolique guerrière est présente, c’est bien le rugby. Le haka des All Blacks n’est-il pas le meilleur exemple ? Véritable chant guerrier, cette danse chantée est réalisée à chaque début de match pour défier l’ennemi, assimilant de fait le rugby à un combat. Le joueur, comme un soldat, apprend à développer un sens du collectif, à obéir aux ordres et à suivre les stratégies. Le rugby renforce le mental et soude les joueurs sur le terrain.

Le Ministère des Armées favorise tout particulièrement les sports de combat et les sports collectifs, afin de promouvoir au sein des trois armées (air, terre, mer) des valeurs jugées indispensables à l’action militaire. À tel point qu’aujourd’hui le rugby est pratiqué dans toutes les armées. Le rugby dit de la Défense est partenaire de la Fédération Française de Rugby et dispose de quatre équipes, présentes lors de compétitions internationales, civiles ou militaires. 
Alors que tous les regards sont tournés vers la coupe du monde de rugby se tenant en septembre 2023, la France accueille également pour la première fois le championnat du monde militaire de rugby, dont les militaires français sortent grands vainqueurs.